Alors que la pandémie avait permis à l’industrie du jeu vidéo de battre des records de croissance, les licenciements fusent depuis le début de l’année dans les studios de création. Au point de chambouler tout un écosystème ?
Est-ce la fin des haricots pour l’industrie des jeux vidéo ? Après des années de fastes, notamment pendant et après la pandémie de Covid 19, les studios connaitraient une baisse de leurs revenus, entrainant des licenciements massifs dans les studios depuis janvier 2024. Au total, ce serait près de 8 000 salariés qui auraient déjà perdu leur emploi.
Rude concurrence
Electronics Arts a annoncé fin février son intention de supprimer 670 personnes de ses effectifs. Un choix étonnant compte tenu du succès international de ses jeux, dont le célèbre FIFA, piloté par le studio pendant plus de deux décennies. En 2023, EA se permettait même de mettre fin à son partenariat avec la fédération internationale de football, renommant son jeu de simulation de football EA Sports FC, et évitant surtout de s’acquitter des 250 millions de dollars annuels à reverser pour l’usage du nom FIFA. Il fallait oser. Mais le problème semble gagner l’ensemble de l’industrie. Car quelques jours avant EA, c’est Sony Interactive Entertainment qui déclarait envisager de supprimer 900 postes. Et en janvier, la liste est longue. Twitch ? 500 postes. Microsoft ? 1900 postes. Playtika ? Environ 400 postes supprimés.
Les raisons, expliquées par le site Fast Company, sont multiples. Chez Unity Software, un nouveau modèle de tarification annoncé en janvier a révolté leurs partenaires développeurs et a contraint l’entreprise à faire marche arrière, perdant au passage de nombreux marchés. 1800 postes ont été supprimés. Car un autre problème pèse sur le développement des jeux : l’augmentation des coûts de production. La rude concurrence que se livrent les jeux AAA – nom donné à ceux dotés des plus gros budgets – a rendu les joueurs plus intransigeants et critiques, obligeant les grosses machines comme Call of Duty à doubler, voire tripler, leur investissement dans le marketing pour surpasser la concurrence. Sur certaines franchises, ces coûts peuvent désormais atteindre 300 millions de dollars pour promouvoir la sortir d’un seul et même jeu…
Lâcher du lest
D’autres sociétés ont mal calculé leur expansion rapide pendant le Covid. Eidos et Gearbox Software, acquis pour une holding suédoise en 2017 qui a désormais d’autres intérêts à faire valoir avec le Fonds d’investissement public d’Arabie Saoudite et souhaite donc lâcher du lest, a déjà licencié 1400 personnes depuis 2023, sans compter les annulations de jeux de la marque qui s’accumulent les uns après les autres. À cela s’ajoute l’exigence des joueurs ; d’un côté ceux qui possèdent déjà les consoles dernière génération, et de l’autre, ceux qui veulent que leur prix baisse, alors même que des jeux très attendus comme GTA VI – qui devrait pulvériser les scores de vente à sa sortie – ne devrait pas voir le jour avant 2025. La traversée du désert, en 2024, devrait être longue. Et à la fin, c’est le joueur qui trinque.