Un jeu vidéo sur l’île d’Epstein existe, et il est très mauvais

Un jeu vidéo sur l’île d’Epstein existe, et il est très mauvais
Qui a envie de voyager sur l'île d'Epstein ?

Vivre une expérience immersive sur l’île du célèbre milliardaire accusé de trafic sexuel ? Voilà ce que propose GalaxyVerse, un studio de jeux vidéo qui avait visiblement besoin de faire parler de lui.

Qui aurait cru que l’homme d’affaires milliardaire américain Jeffrey Epstein, accusé par des dizaines de femmes d’agressions sexuelles, de viol et de trafic sexuel sur son île privée, qui s’était suicidé en 2019 avant son procès dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center – dans des circonstances troubles – ferait l’objet d’un jeu vidéo ?  

Dans la liste des jeux interactifs de très mauvais goût – mais qui font parler d’eux – la plateforme Steam a ajouté dernièrement la création du studio GalaxyVerse sobrement appelée Epstein. Le pitch : « sur l’île d’Epstein, les joueurs se préparent à un voyage mystérieux et dangereux de survie et d’exploration sur une île ! Ils découvrent des secrets sombres et ont des missions périlleuses. »

Clintin, Havking et Minwell

Pour survivre, le joueur est invité à tuer diverses créatures afin d’atteindre les trois « mini boss » qui peuplent l’île Saint James, nommés Clintin, Havking et Minwell. Le joueur averti reconnaîtra sans aucun doute ici les noms des présumés complices de Jeffrey Epstein dont les noms étaient cités dans l’affaire, à savoir son ex compagne Ghislaine Maxwell, l’ancien président des États-Unis Bill Clinton et Stephen Hawking, bien que ce dernier n’ait pas été accusé de viol et n’aurait fait qu’assister à une conférence scientifique organisée sur l’île en 2006.

Une fois ces ennemis évincés, reste à combattre le plus coriace d’entre eux, Jeffrey lui-même. Pour cela, il faudra améliorer ses armes et sa base, et fouiller les environs pour découvrir des zones cachées où se trouvent des « MJ », des mystérieux juges, qui pourraient devenir des complices. Le jeu, reprenant les codes du genre survival game, propose également un mode coopératif afin de jouer à plusieurs.

Bienvenu sur l’île Saint-James

Esthétiquement daté

Le jeu révèle d’avantage l’envie de ses développeurs de mettre la lumière sur leurs créations plutôt que de satisfaire un public de gamer. Quitte à bâcler allègrement son contenu. Car outre le synopsis pour le moins improbable et le scénario inexistant, Epstein est surtout un jeu esthétiquement daté, aux textures approximatives. Sur la bande annonce publiée sur YouTube, on pouvait lire en commentaire : « Eh bien, c’est décevant, j’espérais qu’on pourrait au moins chasser et collectionner des fillettes ».

Ce type de jeu vidéo surfant sur les faits divers ou les éléments les plus sordides de notre société contemporaine n’a rien de nouveau. En 2015, des étudiants français de l’école de jeux vidéo d’Angoulême avaient développé un jeu en réalité virtuelle intitulé 8:46. Le joueur se retrouvait alors dans la peau d’un employé du 101ème étage de la tour nord du World Trade Center lors de l’attaque du 11 septembre 2001, tentant de s’échapper par tous les moyens avant l’effondrement. Sans surprise, on découvrait alors qu’il n’y avait aucun moyen de s’en tirer autrement qu’en sautant par l’une des fenêtres.

Fiscal Kombat et Heal Hitler

Lors des élections présidentielles de 2017, des militants de la France Insoumise lançaient Fiscal Kombat, où l’on incarnait Jean-Luc Mélenchon affrontant Jérôme Cahuzac ou Liliane Bettencourt. De quoi inspirer un autre camp, celui du Front National, avec « Marine Présidente 2017 : le jeu » ou la candidate habillée en princesse blonde affrontait le boss final Emmanuel Macron. Comme pour Epstein, c’est aussi sur Steam qu’apparaissait en 2021 Heal Hitler, un jeu où le joueur incarnait un psychologue tentant de guérir le dictateur en utilisant les psychothérapies jungienne et freudienne.

Publié le 16 février dernier sur Steam, le jeu Epstein rencontrera-t-il son public ?