La voiture volante arrive bientôt. Sauf en France. 

Les taxis volants autonomes de la société EHang devraient être déployés en Chine dès 2025 - © EHang
Les taxis volants autonomes de la société EHang devraient être déployés en Chine dès 2025 - © EHang

Certains ingénieurs n’ont pas cessé de croire dans le rêve de la voiture volante. Aujourd’hui, plusieurs modèles ont été testés et s’apprêtent à débarquer sur le marché dès 2025. 

Star Wars, Blade Runner ou Retour vers le Futur : la voiture volante a toujours fait partie de l’imaginaire de la science-fiction. En dépit des progrès technologiques des avions, des hélicoptères et des drones, la voiture n’a, quant à elle, jamais réussi à décoller de l’asphalte. Mais depuis quelques années, des ingénieurs en Chine, en Europe et dans la Silicon Valley travaillent avec un certain succès sur des prototypes de voiture volante. Certains de ces modèles pourraient bien sillonner les cieux d’ici quelques mois. Aux États-Unis, plus de 400 startups ont émergé ces dernières années dans le secteur de la « mobilité aérienne avancée ». Derrière ce terme, une variété d’engins volants, la plupart plus proches de l’hybride entre l’hélicoptère et l’avion. Mais parmi ces entreprises, une poignée s’évertue à réaliser le rêve de la voiture volante. 

Huit hélices et un bruit de tondeuse

Située entre le siège de Google et un centre de recherche de la NASA à Palo Alto, la société Pivotal développe un de ces modèles prometteurs : la BlackFly. De la taille d’un monster truck, l’engin ne pèse pourtant que 160 kilos. Avec huit hélices faisant un bruit de tondeuse à gazon et un design ressemblant à une sorte de poisson rayé noir et blanc, la BlackFly peut emporter un passager unique pour une durée de 25 minutes à quelques centaines de mètres du sol. Le tout sans aucun autre pilote que le passager, formé en moins de 3 semaines aux commandes de l’engin sur un siège avec des joysticks et un casque de réalité virtuelle.

Plus une moto-hélicoptère qu’une voiture volante

Malgré ses prouesses techniques, la BlackFly reste encore limitée : un vent fort ou une pluie légère peuvent prévenir un vol en sécurité. Et à 200 000 dollars l’unité, même le PDG de Pivotal Ken Karklin avoue que son produit est un « engin de luxe » et que ses clients sont « majoritairement des hommes blancs de plus de 50 ans ».

La voiture volante BlackFly de la société Pivotal – © Opener Photo

En Europe, la société suédoise Jetson a développé un modèle de voiture volante encore plus petit que la BlackFly. Une seule place, aucune fenêtre, une architecture en aluminium d’à peine 100 kilos et huit rotors : le Jetson One ressemble plus à une moto-hélicoptère qu’à une voiture volante. Mais avec un premier vol réussi en 2023 et une autorisation de la Federal Aviation Administration (FAA), ce modèle pourrait bien voler dès cette année aux États-Unis. Jetson One peut voler pendant 20 minutes environ à une vitesse maximum de 90 km/h. Vendu à 128 000 dollars pièce, le modèle est déjà en rupture de stocks pour 2024 et 2025. 

Pour voir des modèles de voiture volante ressemblant vraiment à des voitures, il faut regarder du côté de la Slovaquie. Véritable hybridation entre une voiture de sport et un petit avion, l’AirCar de KleinVision a été approuvée en 2022. Avec une formation de deux mois minimum, il sera peut-être possible de conduire cette voiture – qui vole jusqu’à 190 km/h – dès 2025. Du haut de ses 75 ans, le musicien Jean-Michel Jarre en a été l’un des premiers passagers le 24 avril 2024. 

Le musicien français Jean-Michel Jarrre est le premier à tester l’AirCar, la voiture volante de l’entreprise slovaque KleinVision, le 24 avril 2024.

Des sortes de bonds

La société californienne Alef Aeronautics s’est elle aussi penchée du côté de la voiture volante qui ressemble vraiment à une voiture. Son Model A, certifié par la FAA et qui devrait être commercialisé en 2025 pour 300 000 dollars, pourra transporter deux personnes pendant 330 kilomètres, dont 177 en l’air. Mais de l’aveu de son PDG Jim Dukhovny, cette voiture permettra surtout d’effectuer des « sortes de bonds au-dessus des obstacles » plutôt qu’une véritable expérience de vol. 

Malgré tous ces efforts, Européens et Américains pourraient bien se faire doubler sur la finish line par les Chinois. L’entreprise EHang développe depuis 2018 un modèle de taxi autonome volant baptisé EH216-S. Le 7 avril 2024, ce dernier a reçu de l’administration chinoise l’autorisation de production commerciale. Avec un fuselage en fibre de carbone, seize hélices et seize moteurs pour une propulsion de croisière à 100 km/h, le taxi volant pourra transporter deux passagers d’un vertiport à un autre. Avec un déploiement prévu dès 2025, l’entreprise prévoit un déploiement à grande échelle en Chine pour 2035. 

Au mieux, les Américains espèrent une utilisation de quelques voitures autonomes pour déplacer des athlètes aux JO de Los Angeles en 2028. En France, la Ville de Paris a été catégorique : pas d’engins volants pour les JO de 2024. Un jour, peut-être.