Qui a peur qu’un débris spatial lui tombe sur la tête ?

Photo : Nasa
Photo : Nasa

Les Gaulois n’avaient peur de rien, si ce n’est que le ciel leur tombe sur la tête, et cela pourrait arriver plus vite qu’on ne le pense. Avec la multiplication des satellites artificiels en orbite autour de la Terre, la probabilité qu’un débris tombe sur un être humain augmente. Un homme en Floride est passé tout proche.

Les faits remontent au 8 mars, à 14h29 précisément, heure à laquelle le Commandement spatial américain enregistre l’entrée dans l’atmosphère d’un débris spatial en provenance de la Station spatiale internationale (SSI), localisé au-dessus du golfe du Mexique et en direction du sud-ouest de la Floride. Cinq minutes plus tard, la caméra de sécurité d’Alejandro Otero capte le son de l’objet d’environ un kilo, atterrissant sur son toit, détruisant les deux étages de sa maison de Naples, petite ville de Floride. Si l’homme n’était pas à son domicile, son fils lui l’était. Et les conséquences auraient pu être dramatiques. Quelques jours plus tard, Alejandro partage les images de l’objet semi-cylindrique et exprime son désarroi sur X, : « J’ai failli perdre mon fils. Pouvez-vous m’aider à contacter la Nasa ? »

Cabinet dentaire

Cette histoire, reprise par Wired, n’est pas la première. Depuis le 4 octobre 1957 et le lancement du premier satellite artificiel autour de la terre par les Soviétiques, Spoutnik 1, plus d’une dizaine de cas ont été recensés. En 1969, le fragment d’un vaisseau également soviétique a heurté un navire japonais proche des côtes de Sibérie, blessant au passage cinq personnes. En 1978, c’est un satellite entier, le Kosmos 954, qui a été retrouvé dans le nord du Canada, éparpillant des déchets radioactifs dans la forêt environnante.

En 1997, une habitante de l’Oklahoma, Lottie Williams, a été touchée à l’épaule par un matériau léger provenant de l’étage supérieur de la fusée Delta II. En 2003, un morceau de métal détaché de la navette spatiale Columbia s’est écrasé sur le toit d’un cabinet de dentiste au Texas, un samedi, jour où il était heureusement fermé. Plus récemment, en 2020, les débris d’une fusée chinoise ont atterri dans un village de la Côte d’Ivoire.

42 000 satellites

Mais si ces chutes de débris spatiaux n’ont jamais tué personne jusqu’à présent, les risques sont en augmentation importante, tout en restant hautement improbables. D’après l’Agence Spatiale Européenne (ESA), il y a chaque année une chance sur 100 milliards qu’un être humain soit blessé par des débris spatiaux. La récente multiplication des satellites envoyés en orbite interroge les autorités, ciblant particulièrement SpaceX. L’entreprise d’Elon Musk a déjà envoyé plus de 5200 satellites Starlink depuis 2019, et ambitionne de se constituer une flotte de 42 000 satellites dans les prochaines années.

Ces derniers, ayant une durée de vie de cinq ans maximum, sont notamment pointés du doigt par la Federal Aviation Administration (FAA). Si Starlink défend ses engins, conçus pour se désintégrer à leur entrée dans l’atmosphère, la FAA, elle, voit leur augmentation d’un mauvais œil, arguant que d’ici 2035, près de 28 000 fragments estampillés Starlink pourraient survivre à leur entrée dans l’atmosphère terrestre.

Orbite cimetière

Mais Starlink n’étant pas la seule entreprise a occuper l’espace, la Commission fédérale des communications (FCC) a récemment pris les devants pour lever des sanctions contre Dish Network, dont l’un des satellites, Echostar-7, avait été abandonné et représentait un danger notable. Résultat : une amende de 150 000 dollars, et une réglementation stricte qui se met en place pour contraindre ces entreprises à ne pas laisser traîner leurs engins abandonnés. Concrètement, la loi demande désormais de propulser ses satellites dans une orbite cimetière située à 300 kilomètres de celle occupée par la majorité de ces objets aujourd’hui en activité.

Et pour parer ces risques grandissants, une start-up japonaise, EX-Fusion, propose d’installer un puissant laser sur Terre pour viser et détruire à distance ces débris, qui, s’ils ne dépassent pas quelques centimètres, ont la capacité de causer des dégâts considérables. Si l’un d’eux atterrissait sur un être humain, les conséquences pourraient être mortelles. Mais, rassurez-vous, selon l’ESA, vous avez 65 000 fois plus de chance d’être touché par la foudre.

De son côté, la NASA a confirmé la provenance du projectile ayant traversé la maison d’Alejandro Otero, détaché de l’ISS. Et a, depuis, récupéré l’objet.