Comment le bruit d’une météorite a été confondu avec celui d’un camion 

Comment le bruit d’une météorite a été confondu avec celui d’un camion 
Le bruit d'une météorite confondu avec un camion.

En repêchant des morceaux d’une météorite interstellaire tombée en Océanie en 2014, un astrophysicien de Harvard pensait avoir trouvé la preuve d’une technologie extraterrestre. Une récente étude de l’université Johns Hopkins a réfuté ces trouvailles, indiquant que le bruit de la météorite était en fait celui d’un camion. 

Le 8 janvier 2014, trois détonations atmosphériques retentissent dans l’océan Pacifique au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Des scientifiques sur l’île de Manus enregistrent ces bruits extraordinaires et les attribuent à une météorite qui aurait pénétré l’atmosphère terrestre avant de s’écraser dans l’océan. Seulement, en raison de la nature du bruit, la vitesse moyenne de l’objet spatial est estimée à plus de 160 000 km/h. Aussi improbable que cela puisse paraître, de tels résultats ne peuvent indiquer qu’une chose : cette météorite vient de l’extérieur de notre système solaire.

Sans pouvoir expliquer scientifiquement l’origine de cette météorite, l’affaire reste en suspens jusqu’en 2022. Après huit ans d’attente, l’US Space Command, la branche de l’armée américaine dédiée au combat spatial, confirme que l’objet enregistré au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est à 99,99% d’origine interstellaire. 

Technologie extraterrestre

Pour Abraham « Avi » Loeb, cette découverte est sensationnelle. L’astrophysicien américain de l’université de Harvard, passionné d’ufologie, saisit le caractère exceptionnel de ces calculs et prépare une expédition pour aller récupérer des morceaux de la météorite. À l’été 2023, l’astrophysicien et son équipe embarquent sur un catamaran de 40 mètres de long pour se rendre quelque 80 kilomètres au nord de l’île de Manus, à l’endroit estimé de l’impact. Avec 300 aimants au néodyme, les scientifiques repêchent 850 sphérules de métal. 

De retour dans les laboratoires du Massachusetts, Avi Loeb passe ces petites boules – entre 100 microns et 2 mm de diamètre – aux rayons X et établit leur composition : fer, titane et magnésium. Des compositions qui ne ressemblent pas aux alliages de métaux créés par l’homme ni aux astéroïdes connus de la science. Une seule explication pour l’astrophysicien : cette météorite interstellaire est la preuve d’une technologie extraterrestre. 

Les bruits d’un camion

Mais cette révélation ne convainc pas la communauté scientifique. Malgré ses diplômes, l’astrophysicien a la réputation de céder aux spéculations les plus folles et au sensationnalisme. Depuis l’université Johns Hopkins dans le Maryland, le sismologue planétaire Benjamin Fernando fait partie des scientifiques sceptiques vis-à-vis de cette découverte. Le scientifique se rend alors sur l’île de Manus au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, là où les détonations record avaient été enregistrées par le sismographe. 

Avec son équipe, le sismologue reprend les mesures effectuées par la machine en 2014. Étonnamment, le signal ne ressemble à aucune autre météorite et semble changer plusieurs fois de direction. Intrigué par cette incohérence, le chercheur creuse la question avant de trouver la réponse : le signal correspond au tracé d’une route voisine du laboratoire sismologique et serait causé par…un camion. Pis, l’analyse des données d’observatoires spatiaux situés en Australie et aux Palaos démontrent que la météorite supposée interstellaire se serait en réalité écrasée 160 kilomètres plus loin. 

Accusation de vol

Une question subsiste alors : qu’a donc trouvé Avi Loeb dans l’océan Pacifique ? L’hypothèse la plus probable à ce jour est que ces sphérules sont les restes de météorites plus anciennes, abîmées pendant de longues années par la pollution humaine des océans. Depuis cette contre-analyse qui a démontré que nous n’avions encore aucune preuve d’une quelconque forme de technologie extraterrestre, l’astrophysicien-ufologue s’est vu accusé par les autorités papounéoguinéennes d’avoir volé ces petites boules de métal. Sûrement pas suffisant pour mettre un terme à la chasse aux ovnis de cet étrange scientifique.