En Allemagne, des chasseurs de météorite se disputent des fragments de roche

Chasseurs de météorites avec un détecteur à métaux.
Chasseurs de météorites avec un détecteur à métaux. © Marina Kryuchina

À l’annonce du passage d’un astéroïde en direction de l’Allemagne le 21 janvier 2024, de nombreux chasseurs de météorites se sont rués pour tenter de récupérer des fragments de roche spatiale. Après plusieurs jours de recherche, quelques petits morceaux rarissimes de la météorite ont été retrouvés. 

Après les chasseurs de fantômes et les chasseurs de cyclones, il y a les chasseurs de météorites. L’astronome néerlando-américain Peter Jenniskens fait partie de cette catégorie de scientifiques et d’amateurs passionnés par ces énormes cailloux qui deviennent des boules de feu en traversant l’atmosphère terrestre et viennent s’écraser sur notre planète. Le 21 janvier dernier, lorsque l’astéroïde 2024 BX1 est repéré par l’astronome hongrois Krisztián Sárneczky, le chercheur de l’Institut SETI prend le premier avion depuis San Francisco pour se rendre sur le site estimé de l’impact dans le Brandebourg, au nord-ouest de Berlin. 

Sur place, Jenniskens rejoint l’équipe du professeur Lutz Hecht, géochimiste au Musée d’histoire naturelle (MfN) de la capitale allemande. Ce dernier, accompagné d’une quinzaine d’étudiants et de collègues, ratisse les champs à côté de Nennhausen, à 70 kilomètres à l’Ouest de Berlin, dans l’espoir de trouver des résidus de cette météorite. Dans le vent froid qui balaie les plaines brandebourgeoises, les chasseurs de météorite sont obligés de marcher des heures durant pour trouver ces fragments qui font quelques centimètres de diamètre et ressemblent à s’y méprendre à de vulgaires cailloux. Pire, la météo joue contre eux puisque la pluie et les sols contaminent ces roches spatiales, les rendant plus difficiles à différencier des roches terrestres. 

Une couleur inattendue

Le 25 janvier, après plusieurs jours de recherches infructueuses, l’équipe du musée berlinois apprend qu’elle s’est fait doubler par des chasseurs de météorites amateurs polonais. Ces derniers annoncent la découverte d’un morceau de 2024 BX1 dans les environs du village de Ribbeck, quelques kilomètres au nord de Nennhausen. Surprise, la roche n’est pas noire comme attendue mais grisâtre avec des taches blanches. Avec ces informations et à l’aide des calculs faits par l’astronome hongrois, Jenniskens et les Allemands décident de remonter le lendemain tout au nord jusqu’à Berge, à la frontière avec le land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, à 150 kilomètres de la capitale.

Cette décision s’avère judicieuse : au bout de quelques heures de recherche, deux étudiants de la Freie Universität de Berlin qui accompagnaient l’équipe du MfN ramassent deux petits cailloux spatiaux de 3,1 et 5,3 grammes. Hecht et Jenniskens peuvent exulter, la chasse à la météorite est un succès. Cachés au cœur de ces fragments résident de précieuses informations que vont pouvoir exploiter les chercheurs, notamment la durée du voyage de l’astéroïde et de sa vie dans l’espace. Mais le meilleur reste encore les secrets que dissimulent cette couleur inattendue. 2024 BX1 serait une météorite aubrite, une catégorie rare ne représentant que 1% des météorites connues jusqu’alors. Une aubaine pour ces chercheurs passionnés, alors que les morceaux de météorite récupérés par les chasseurs amateurs sont souvent vendus à des collectionneurs pour plusieurs dizaines de milliers d’euros.