VivaTech : Sur l’IA, Bruno Le Maire demande à l’UE « d’innover plutôt que de réguler »

Bruno Lemaire. Image Shutterstock.
Bruno Lemaire. Image Shutterstock.

Remplaçant Emmanuel Macron au pied levé, parti pour la Nouvelle-Calédonie ce mardi soir, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire s’est rendu au salon VivaTech, Porte de Versailles, avec la ferme intention de vanter les mérites de l’intelligence artificielle à la française.

La France championne de l’IA ? C’est ce qui semble être le nouveau crédo de l’exécutif économique du gouvernement Macron. En 2023, ce dernier avait promis au salon VivaTech 500 millions d’euros d’investissement pour développer l’IA – loin des premières annonce d’1,5 milliard en 2018 – et créer une dizaine de clusters d’où émergeraient des pôles internationaux. Un an plus tard, le Président de la République anticipait sa visite au même salon en recevant à l’Élysée les acteurs français du secteur, dont Yann Lecun, directeur du laboratoire de l’IA de Meta. Une réunion conclue par une nouvelle annonce de 400 millions d’euros d’investissement, cette fois en faveur de la formation autour de l’IA via neuf pôles d’excellence.

Ce mercredi, il devait donc approfondir son projet devant le gratin de l’IA européenne au salon qui se tient désormais chaque année Porte de Versailles, devenu en huit ans le plus grand salon de la tech’ en Europe. Sauf que l’actualité brulante en Nouvelle-Calédonie l’a contraint à se rendre sur place dans la nuit de mardi. Et c’est finalement Bruno Le Maire qui a fait le déplacement.

The place to be

Après une visite de quelques stands dont celui de LVMH et de l’Africa Tech, le ministre de l’Economie s’est rendu sur la grande scène et n’a pas tari d’éloges sur Maurice Levy, fondateur de Viva Tech, présent à ses côtés. « Il a lancé Viva Tech dans l’indifférence en France, évidemment. La première année, nous étions dans une tente, il y avait trois clampins, et aujourd’hui c’est le premier salon européen de la Tech. »

Débarquant tout juste d’Abou Dabi, aux Émirats arabes unis, pour y vanter l’attractivité économique de la France et signer un accord de partenariat stratégique sur l’intelligence artificielle, Bruno Le Maire avait de quoi séduire les professionnels du secteur, amassés dans la grande salle. « Là-bas, ils ont tous un seul message : France is the place to be pour les investisseurs dans l’IA. C’est radicalement nouveau ». Car selon lui, ce qui fait la force du territoire, c’est notamment sa stabilité politique, étant lui-même en poste depuis sept ans. « Un atout », a-t-il ajouté.

Léthargie économique

Parmi les orientations stratégiques, le déploiement de centres de données, ces data center dont les GAFAM raffolent et dont l’enjeu est éminemment politique, a été annoncé comme prioritaire, pour faire de la France « le pays le mieux équipé ».

Concernant l’intelligence artificielle, Bruno Le Maire a exhorté l’Union européenne a « retrouvé le goût du risque », et innover plutôt que de « créer des normes et de réguler ». « C’est une révolution comme il en arrive une tous les deux ou trois siècles. Une chance unique pour l’Europe de rattraper son attractivité (…). L’Europe est en état de léthargie économique, il faut la réveiller, et l’IA va nous le permettre. »

Preuve que dans ce secteur, la France semble se détacher au niveau européen, ce mardi, la start-up française Holistic AI annonçait une levée de fonds record de 220 millions de dollars. De là à s’inviter à la table des États-Unis et de la Chine ? Pour cela, Bruno Le Maire s’est engagé à d’avantage de financement public pour les créateurs d’entreprise en matière d’innovation, mais s’en est pris à ceux qui partaient aux États-Unis dès lors qu’ils avaient le vent en poupe. « C’est terminé ! », a-t-il déclaré sur un ton presque autoritaire.