Pour réduire les débris qui jonchent l’espace, des Japonais ont conçu un satellite biodégradable. En bois plutôt qu’en aluminium, la sonde spatiale doit permettre d’inaugurer une nouvelle gamme de satellites moins polluants. Son premier vol est prévu à l’été 2024.
Partout où il va, l’homme pollue. Y compris dans l’espace. En à peine plus d’un demi-siècle d’exploration spatiale, l’homme a réussi à déposer des milliers d’objets en orbite autour de la terre. En septembre 2023, on y comptait pas moins de 10 590 satellites, dont 8 800 encore en activité, pour une masse totale de près de 11 000 tonnes. Cependant, une fois qu’un satellite part à la retraite et retraverse l’atmosphère terrestre, celui-ci brûle et laisse derrière lui des milliers de particules d’aluminium qui viennent littéralement polluer l’espace et dégradent la couche d’ozone. Heureusement, des scientifiques japonais ont prévu une solution : un satellite biodégradable.
À peine plus grand qu’une tasse de thé
En collaboration avec l’entreprise de foresterie Sumitomo, des chercheurs de l’université de Kyoto ont décidé en 2020 de plancher sur un prototype de sonde spatiale en bois. Surprenamment, le matériau semble adapté aux conditions de vie dans l’espace. Sans oxygène, le bois ne brûle pas, et sans élément organique, le bois ne pourrit pas. Les scientifiques du projet LignoStella Space Wood testent alors la résistance de trois bois différents connus pour leur solidité sur Terre : le cerisier du Japon, le bouleau et le magnolia. Des échantillons de chaque sont ensuite envoyés pendant près d’un an à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) avant de revenir à Kyoto. De retour au laboratoire, le magnolia est proclamé grand gagnant.
Grâce à ses données prometteuses, les chercheurs japonais commencent à construire ce satellite en magnolia. Petit cube de 10x10cm, à peine plus grand qu’une tasse de thé, le prototype est baptisé LignoSat. Seulement recouvert de panneaux solaires, le satellite a le mérite de pouvoir dissimuler ses antennes à l’intérieur, contrairement à ses homologues en aluminium.
Décollage prévu en 2024
Avant de changer durablement le paysage satellitaire, LignoSat doit effectuer son premier vol en autonomie et collecter des informations sur la résistance de la structure en bois à long terme. Prévu d’ici à l’été 2024, le décollage de la sonde en magnolia devrait a priori s’effectuer à bord d’un vaisseau cargo Cygnus – qui ravitaille l’ISS – ou d’un Dragon de SpaceX. Avant de penser à se débarrasser des 100 trillions de morceaux de satellite qui flottent en orbite et qui peuvent se percuter à plus de 50 000 km/h (plus de dix fois la vitesse d’une balle de revolver), il faut encore que LignoSat réussisse son baptême de l’air. Sans faire son baptême du feu.