La startup montpelliéraine Quantum Surgical a mis au point un nouveau robot qui pourrait révolutionner les traitements du cancer. En utilisant l’IA, le robot Epione et ses multiples aiguilles permettent au chirurgien d’atteindre des tumeurs inopérables à la main.
On a créé un robot tueur de tumeurs. Basée à Montpellier, l’entreprise de robotique médicale Quantum Surgical a développé une machine baptisée Epione capable de cibler des tumeurs cancéreuses inopérables et de les annihiler. En utilisant l’intelligence artificielle pour aider le chirurgien, ce robot promet de révolutionner le traitement du cancer.
Doté de plusieurs aiguilles chirurgicales au bout d’un gigantesque bras robotisé monté sur un pied mobile et d’une caméra de navigation utilisant les performances de machine learning des IA, Epione fait passer la chirurgie oncologique dans une nouvelle ère. Installé sur un plateau de technique de radiologie interventionnelle, le robot est associé à un logiciel relié au système d’imagerie. Grâce aux données collectées sur d’autres patients et aux informations médicales fournies par l’équipe chirurgicale, Epione se met alors à planifier le trajet qu’il va effectuer avec ses aiguilles pour atteindre la tumeur. Position, axe, profondeur, volume cible : Epione anticipe tous les paramètres avec le scanner avant de faire parler ses aiguilles. Une fois sur place, le robot dispose de deux armes pour tuer la tumeur : la brûler par radiofréquence ou la congeler par cryo-ablation.
Technique mini-invasive
Lancé en 2021, le robot est d’abord conçu pour traiter les tumeurs du foie, des reins et du pancréas ne dépassant pas 3 centimètres de diamètre. Utilisé uniquement aux centres Gustave Roussy à Villejuif (94) et aux Hospices civils de Lyon, le robot obtient rapidement des résultats très prometteurs. Pour Thierry de Baère, chef du service d’Imagerie thérapeutique de Gustave Roussy, « le bras du robot aide dans la destruction des petites tumeurs hépatiques primitives ou métastatiques et rénales primitives, en limitant les dommages aux tissus sains environnants ainsi que le nombre d’images pour guider l’aiguille jusqu’à la tumeur ». En plus d’atteindre des tumeurs que le chirurgien ne peut opérer, le robot Epione et ses aiguilles utilisent une technique mini-invasive qui n’ouvre pas l’abdomen et peut donc être réalisée en ambulatoire voire en anesthésie locale. Dans 80% des cas, les patients peuvent même ressortir de l’hôpital 24 heures après l’opération.
Mais si le robot Epione démontre des capacités remarquables, celui-ci reste bien évidemment subordonné au médecin. Bertin Nahum, fondateur de Quantum Surgical se veut rassurant sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans ces procédures médicales : celle-ci ne fait que « proposer des recommandations basées sur l’apprentissage de cas précédents ». En aucun cas le robot n’est capable d’opérer seul, c’est bien le chirurgien qui prend toutes les décisions.
400 patients traités
Auréolé de succès en France, le robot de Quantum Surgical a obtenu le prix Galien USA en 2022 – considéré comme l’équivalent du prix Nobel pour la biopharmaceutique – et a fait son apparition aux États-Unis en mai 2023 dans les murs du centre anticancer de l’institut Baptist Health de Miami. Aujourd’hui, près de trois ans après son lancement, le robot Epione a été utilisé sur plus de 400 patients dans ces trois centres entre le Rhône, l’Île-de-France et la Floride. Contactée, l’entreprise de chirurgie robotique affirme « être en plein développement commercial en Europe et aux États-Unis et lancer des études sur l’utilisation du robot pour le traitement des cancers osseux ».
En attendant, l’institut Gustave Roussy a démarré une étude clinique en avril 2023 pour évaluer le potentiel d’Epione face aux tumeurs du poumon. Cinq mois plus tard, il reçoit le marquage CE de l’Union Européenne l’autorisant à traiter ces tumeurs thoraciques. Deuxième cancer le plus fréquent en France avec 49 000 nouveaux cas et 29 000 décès chaque année, le cancer du poumon pourrait bientôt être la prochaine victime du robot tueur de tumeurs.