La justice britannique a tranché. Craig Wright n’est pas l’inventeur du Bitcoin.

Craig Wright. Photo montage TM
Craig Wright. Photo montage TM

Depuis 2016, Craig Wright prétendait être Satoshi Nakamoto, l’inventeur anonyme du Bitcoin. Mais le 14 mars 2024, l’informaticien australien a été reconnu coupable par la justice britannique d’avoir fabriqué cette identité, mettant fin à des années de spéculation.

On ne sait pas qui a inventé le Bitcoin mais ce n’est pas Craig Wright. C’est ce qu’a affirmé la Haute Cour de Justice britannique le 14 mars 2024, au terme d’un procès de plus de six semaines. L’informaticien australien clamait depuis 2016 être le mystérieux père de la célèbre cryptomonnaie que cachait le pseudonyme Satoshi Nakamoto. 

Craig Wright était poursuivi en justice depuis le 9 avril 2021 pour ces déclarations infondées. Vingt-six plaignants – entreprises et personnes, dont la société Block de Jack Dorsey, le fondateur de Twitter – se sont regroupés au sein de la Crypto Open Patent Alliance (COPA) pour démystifier les déclarations de Craig Wright. En plus d’usurper l’identité de Nakamoto, l’alliance lui reprochait d’avoir porté atteinte à la croissance des cryptomonnaies avec ses déclarations fallacieuses et ses procédures juridiques.

Ses propres experts décrédibilisés

Mais si le procès qui s’est tenu à Londres s’est étalé du 5 février au 14 mars 2024, la décision du juge Mellor a, elle, été immédiate. Sans délibéré secret, le magistrat britannique a déclaré dès la fin des plaidoiries que Craig Wright n’était pas Satoshi Nakamoto « au vu des preuves accablantes ». En effet, Jonathan Hough, l’avocat de COPA, a pu démontrer que l’informaticien australien avait « mené une campagne massive de malhonnêteté et de faux ». Ce dernier, en plus de n’avoir pas pu procurer à la justice les preuves cryptographiques de la propriété des premières clefs du Bitcoin, s’est illustré en falsifiant des documents avant et pendant le déroulé de la procédure juridique. 

Les témoins experts de COPA ont pu démontrer qu’une série de documents fournis par Craig Wright avaient été antidatés, mentionnaient des logiciels ou des programmes informatiques qui n’existaient pas encore. L’un de ces documents affirmait notamment que l’informaticien était impliqué dans la création de ChatGPT de façon anachronique. Face à ces accusations sérieuses, Craig Wright en est même venu à décrédibiliser ses propres experts. Lorsque l’un d’eux a décidé de confirmer la falsification de certains documents, Wright a essayé d’invalider son expertise en affirmant que ce n’était qu’un psychologue. En vain. 

Tentative d’évasion des frais de justice

Le 14 mars, le juge britannique a donc décidé de retenir que les déclarations de Craig Wright n’étaient, comme l’affirmait l’équipe juridique de COPA, qu’un « mensonge éhonté et un récit faux, élaboré et reposant sur des contrefaçons d’une échelle industrielle ».

Suite à cette décision et en attendant le jugement final de la Haute Cour britannique, l’informaticien australien a tenté de transférer des parts de son entreprise des États-Unis à Singapour. Signalé par COPA, cette manœuvre – similaire à une autre tentative de Craig Wright d’éviter des frais de justice de 140 millions de dollars dans l’affaire Kleiman v. Wright – a déclenché une autre sanction du magistrat anglais. Le 27 mars 2024, le juge Mellor a prononcé le gel de tous les actifs de l’usurpateur, soit un total de 6 millions de dollars. 

En attendant la suite de ces poursuites juridiques contre Craig Wright, certains de ses supporters continuent de le défendre, affirmant que COPA n’a pas pu prouver la véritable identité de Satoshi Nakamoto, bien que cela ne soit pas du ressort de ce procès. Rétabli, le mystère autour de l’identité du père du bitcoin il y a quinze ans a permis de rebooster la spéculation autour de la célèbre cryptomonnaie, désormais plébiscitée par les investisseurs institutionnels.