Qui est Jared Isaacman, le milliardaire placé par Trump à la tête de la NASA? 

Selon Forbes, le président élu Donald Trump pourrait nommer à des hautes responsabilités pas moins de huit milliardaires. Parmi eux, Jared Isaacman, un pilote et homme d’affaires de 41 ans, choisi pour être le prochain administrateur de la NASA, à la surprise générale de la communauté spatiale. 

« Jared ouvrira la voie à des réalisations révolutionnaires dans les domaines de la science, de la technologie et de l’exploration spatiales. » C’est ainsi que Donald Trump a annoncé, via X, la nomination au poste d’administrateur de la NASA du PDG de Shift4, une société de traitements de paiements fondée alors qu’il n’avait que 16 ans par un certain Jared Isaacman. Dans son post, l’ancienne star de The Apprentice poursuivait les présentations ainsi : « Il a également co-fondé et occupé le poste de PDG de Draken International, une société aérospatiale de défense, pendant plus d’une décennie, soutenant le ministère américain de la défense et nos alliés. » Celui que l’on présente comme un ami Elon Musk, pilote d’avions de chasse à ses heures perdues, est principalement connu pour avoir participer à deux missions spatiales privées. Le 16 septembre 2021, il tenait le rôle de commandant d’Inspiration4, le premier vol spatial sans représentant d’agence gouvernementale à son bord, avant de prendre les commandes de Polaris Dawn le 10 septembre 2024. Mis en orbite jusqu’à 1400 kilomètres de la Terre, l’équipage effectua alors la première sortie spatiale privée de l’Histoire. Depuis le programme Apollo, aucun humain ne s’était plus autant éloigné de notre planète, qui, à cette distance, ressemblerait, d’après Isaacman « à un monde parfait. » 

« Ça sort de nulle part » 

Businessman accompli, Isaacman présente un profil tout à fait nouveau pour la NASA, dont les chefs sont en principe désignés parmi une sélection d’ingénieurs,  scientifiques, universitaires et fonctionnaires. « Forcément, c’est une surprise, réagit John Logdson, conseiller au sein du NASA Advisory Council de 1998 à 2001, puis de 2005 à 2009. Plusieurs noms potentiels circulaient et le sien n’en faisaient pas partie. Pour l’immense majorité de la communauté spatiale, cela sort de nulle part. C’est une nomination pour le moins intrigante. » Ancien directeur du School’s Center for International Science and Technology Policy, Logdson n’est pas exactement un fan de la politique du président élu Trump. Mais il tient à préciser que cette nomination-ci, contrairement à d’autres, n’a pas l’air de viser à « démanteler les institutions. Isaacman a dit des choses positives au sujet de la NASA, qui est une agence gouvernementale. Tout ce qu’il a dit depuis sa nomination me paraît positif. Puis il s’agit d’un homme qui investit ses propres deniers dans l’activité spatiale. » Selon Greg Autry, de l’University of Central Florida, la NASA doit se préparer à des changements radicaux. Pour Logdson, la première influence de cet homme qui pèserait 17 milliards de dollars sera d’accroître l’importance du secteur privé dans l’activité spatiale. « Et ce notamment dans le cadre du programme Artemis, qui devrait nous renvoyer sur la Lune, puis nous envoyer sur Mars, poursuit l’expert. Malgré ses réticences initiales, la NASA reconnaît lentement que conférer un rôle plus large au privé permettra de faire les choses plus vites et à moindre coût. Je pense qu’Isaacman peut faire de la NASA un agence plus efficace et productive. » 

Le retour des grandes questions ?

D’après CNN, les liens d’Isaacman avec SpaceX sont tels que des conflits d’intérêts sont à craindre. La vision même du probable futur boss de la NASA semble entièrement alignée sur celle d’Elon Musk. Le quadragénaire rêve de coloniser l’espace, permettant aux humains de visiter d’autres mondes, puis de les habiter. « On commencera d’abord par la Lune, reprend Logdson. Au niveau de l’espace, c’est comme une île que l’on voit de la côte sur laquelle on se trouve. Puis on pourra penser à Mars. Je pense que ce siècle verra une poignée de gens déménager sur la Lune et sur Mars. Si ça arrive un jour, ce sera arrivé d’ici 2099. Mais on n’y établira pas encore de villes d’un million d’habitants comme en rêve Musk. » Validée par Lori Garver, vice-administratrice de la NASA sous Obama, la nomination d’Isaacman rapprocherait-il l’humain de la vie sur Mars ? Logdson ne répond pas directement, mais semble penser que oui. En août, le businessman parlait de SpaceX comme de la plus incroyable des aventures de notre époque. « Puis il ne s’agit pas seulement de Mars, ajoutait-il. Il s’agit de déverrouiller les mystères de la vie. D’où venons-nous vraiment ? Quel est notre but ? » Et si le conservateur Trump avait nommé un homme qui permettrait de ré-inventer le futur ?