Les uniformes scolaires seront-ils un frein à l’activité physique ?

Uniforme scolaire
Les uniformes scolaires seront-ils un frein à l’activité physique ? Photo Oakland Images

L’uniforme scolaire, incompatible avec le sport ? Une étude de l’université de Cambridge publiée le 15 février 2024 indique que les enfants, et tout particulièrement les filles, sont moins susceptibles de se dépenser physiquement lorsque leurs vêtements sont imposés par l’école. Un résultat qui vient compléter des années de recherche critique envers le port de l’uniforme à l’école. 

N’en déplaise au Premier ministre Gabriel Attal, qui voudrait faire de l’uniforme scolaire dès 2026 un moyen de lutter contre le harcèlement scolaire, celui-ci pourrait avoir des conséquences sur la santé de nos enfants. C’est notamment la conclusion d’une récente étude de l’université de Cambridge. Menée par la Dr Mairead Ryan, l’équipe de chercheuses britanniques a analysé les données d’1,1 million d’enfants de 5 à 17 ans sur 135 pays pour tenter d’évaluer les liens entre l’activité physique des enfants – en dehors des cours d’EPS -, les inégalités de genre et le port obligatoire de l’uniforme à l’école. Selon leurs analyses, les enfants qui fréquentent des établissements scolaires où les tenues sont imposées sont moins nombreux à se dépenser physiquement pendant la journée de cours. 

Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise une heure d’activité physique quotidienne, seulement 19,5% des enfants inclus dans l’étude ne portant pas d’uniforme atteignent l’objectif. Un chiffre qui descend à 16% pour les enfants en cravate. Un écart qui s’explique par le manque de confort largement décrié des tenues choisies par les établissements scolaires. 

Un uniforme qui creuse les inégalités de genre

Si la Dr Mairead Ryan tient à préciser que la nature et l’ampleur de l’étude ne permet pas d’établir de façon irréfutable un lien de causalité entre uniforme scolaire et baisse de l’activité physique, celle-ci indique néanmoins que les résultats viennent conforter des années de recherche sur le sujet. « Nous n’essayons pas de suggérer une interdiction des uniformes scolaires mais simplement à éclairer la décision publique. Les établissements scolaires devraient prendre en compte comment le design et les caractéristiques de l’uniforme incitent ou limitent les possibilités d’activité physique pour les élèves », ajoute-t-elle.

En plus de dissuader les enfants de se défouler dans la cour de récréation, les uniformes creuseraient les inégalités de genre, indique l’étude britannique. Globalement, la proportion de garçons s’exerçant une heure par jour était supérieure de 7,8% à celle des filles. Mais lorsqu’on regarde dans les détails, le chiffre se réduit à 5,5% dans les écoles sans uniformes, et monte à 9,8% dans les écoles avec. Des écarts à prendre avec des pincettes malgré tout, tant les causes de ces inégalités sont multifactorielles, souligne l’étude. 

Selon Esther van Sluijs, co-autrice de l’étude, ces inégalités flagrantes s’expliquent notamment car « les filles se sentent moins à l’aise pour faire la roue ou des roulades dans la cour, voire faire du vélo lorsqu’il y a du vent, si elles portent une jupe ou une robe. Ceci s’explique car normes sociales et attentes ont une influence sur ce que les enfants se sentent capables de faire dans leurs vêtements ». S’il n’a pas été prouvé scientifiquement que l’uniforme scolaire permet de lutter efficacement contre le harcèlement scolaire ou de gommer les inégalités socioéconomiques la tenue proposée par le Premier ministre devrait au moins être mixte. Pantalon pour tout le monde.