Aux États-Unis, un rapport du National Institutes of health publié en avril démontre une hausse de 32 % de personnes infectées à l’hôpital par des microbes résistants aux antibiotiques, lors de la pandémie. Quatre ans plus tard, le constat reste alarmant. Mais des chercheurs s’activent à créer une nouvelle classe d’antibiotique plus efficace.
« Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Cette campagne des pouvoirs publics et de la Caisse national d’assurance maladie, lancée en 2002 en France, visait à l’époque à réduire la consommation d’antibiotiques dans les cas où cela n’était pas nécessaire (grippe hivernale ou bronchiolite notamment). Une surconsommation aussi observée à l’échelle internationale qui avait pour effet collatéral, outre les mauvais usages, de rendre plus résistants les microbes.
22 ans plus tard, la situation s’est aggravée. Selon un rapport du National Institues of Health, présenté par la chercheuse Christina Yek, une hausse de 32 % de personnes infectées à l’hôpital à été constatée lors de la pandémie . Et alors que la communauté scientifique espérait que les taux redescendraient à des niveaux plus normaux après la pandémie, ceux-ci sont restés trop élevés, et inquiètent.
Les antibiotiques sont-ils en passe de devenir totalement inefficaces face aux microbes qu’ils combattent ? Selon la chercheuse Christina Yek, interrogée par National Geographic : « on a naïvement ignoré le lent déferlement de la pandémie de résistance aux antibiotiques ».
Surconsommation
Parmi ces antibiotiques dont l’efficacité est remise en question, la classe des carbapénèmes, dont de nombreuses bactéries passent au travers désormais. Mais leur surconsommation n’est pas la seule raison de leur inefficacité récente. Leur utilisation dans l’agriculture intensive pour favoriser la croissance notamment des poulets et des vaches, ainsi que leur vaporisation sur des arbres fruitiers en serait également la cause.
Face à ce constat, des scientifiques du MIT s’affairent déjà à chercher de nouveaux médicaments pour remplacer ces antibiotiques obsolètes. Ces derniers ont dernièrement découvert comment rendre soluble dans l’eau une enzyme bactérienne hydrophobe, l’histidine kinase, propre aux bactéries et que les humains ne possèdent pas. Par ce procédé, ils espèrent réussir prochainement à interférer avec elle et perturber ses fonctions avec une nouvelle classe d’antibiotiques. « Chaque année, plus d’un million de personnes meurent d’infections résistantes aux antibiotiques », a indiqué Shuguang Zhang, chercheur au MIT et auteur de l’étude.
Deep learning
Dans cette course au progrès pharmaceutique, l’intelligence artificielle pourrait aussi avoir un rôle à jouer. Grâce au deep learning, cette technique d’apprentissage automatique des systèmes informatiques, la prédiction de propriétés et de structures moléculaires pourrait accroître les capacités à générer de nouvelles molécules efficaces.
En attendant, la France reste l’un des pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe. Et cela ne risque pas de s’arranger immédiatement. Depuis ce mardi 18 juin, la prescription d’antibiotiques sans ordonnance par les pharmaciens est autorisée en cas de test positif à une angine bactérienne ou une cystite, selon un décret paru au Journal officiel.