Le 8 avril 2024, une éclipse solaire totale plongera dans le noir une partie de l’Amérique du Nord. Pour cet événement hors du commun, la NASA encourage tous les futurs témoins de l’éclipse à enregistrer sons et images afin d’alimenter une gigantesque étude sur ses effets sur la vie terrestre.
L’après-midi du lundi 8 avril 2024 devrait être légèrement particulière pour un certain nombre de Mexicains, d’Américains et de Canadiens. Pendant 4 minutes et demi, 32 millions de personnes pourront constater que la nuit tombe en plein milieu de la journée, que les criquets se remettront à chanter et que les oiseaux iront se coucher. En effet, le bref passage de la Lune devant le Soleil va donner lieu à un événement peu banal : une éclipse solaire totale.
Contrairement aux autres formes d’éclipses – partielles ou annulaires – où le disque lunaire ne recouvre pas entièrement celui du Soleil, l’éclipse du 8 avril prochain le cachera dans sa totalité. Les habitants des villes comme Montréal, Toronto ou Cleveland verront ainsi une obscurité s’imposer au cœur de l’après-midi, la température baisser d’environ 5°C et le vent changer de sens.
Noter, observer et filmer l’éclipse
Si les éclipses annulaires ou partielles sont relativement fréquentes – la dernière date du 14 octobre 2024 – les éclipses totales sont elles plus rares. Le dernier événement de cette ampleur remonte au 31 août 1932. Sans disposer des mêmes outils technologiques, l’étude publiée en 1935 sur ce phénomène avait cependant compilé près de cinq cents observations individuelles sur les impacts de la disparition temporaire du Soleil sur la biodiversité. Presque un siècle plus tard, la NASA veut répéter l’expérience.
Pour produire l’étude la plus compréhensive de ce phénomène extraordinaire, l’agence spatiale américaine a décidé de mettre en place le projet Eclipse Soundscapes. Chacun des témoins de l’éclipse solaire totale est ainsi invité à noter, observer, filmer ou enregistrer les changements sonores de leur environnement dans l’après-midi du 8 avril. Objectif : mieux comprendre l’impact des éclipses sur les animaux, la végétation mais aussi les phénomènes météorologiques. Une étude de 2016 avait en effet montré que les éclipses peuvent modifier le sens du vent.
Effets électromagnétiques
En plus de ce projet participatif qui pourrait mobiliser plusieurs milliers de personnes sur le trajet de l’éclipse du Pacifique équatorial au nord de l’Atlantique, la NASA compte bien percer tous les mystères des éclipses. En envoyant des ondes radios vers l’ionosphère, les radars SuperDARN devront analyser les impacts de la radiation solaire sur les couches de l’atmosphère. Pendant toute la durée de l’éclipse, l’avion WB-57 de la NASA sillonnera le ciel à 15 kilomètres d’altitude pour prendre des images en infrarouge et à très haute résolution.
Ces clichés pourraient notamment aider l’agence spatiale américaine à identifier des astéroïdes en orbite autour de Mercure mais difficilement perceptibles à cause des réflexions lunaires. Enfin, la NASA prévoit de lancer trois fusées – la première une demi-heure avant, la deuxième pendant, la troisième une demi-heure après – pour mesurer les changements dans le champ électromagnétique terrestre, dans la densité de l’air et sur la température.
L’éclipse solaire du 8 avril 2024 arrive à un moment particulier : le probable pic d’intensité du cycle solaire. Au-delà des importants effets électromagnétiques que la science cherche encore à comprendre, cette coïncidence devrait laisser apparaître une sorte de couronne flamboyante autour de la Lune. Une vision inoubliable pour tous ceux qui se trouveront sur le chemin de l’éclipse, pourvu qu’ils ne la regardent pas sans lunettes appropriées.