Après des décennies de mystères et de théories du complot, la NASA et l’armée américaine ont décidé d’investir la recherche sur les ovnis. Dans leurs rapports publiés en septembre 2023 et en mars 2024, les deux corps fédéraux démystifient la plupart des témoignages de soucoupe volante mais ouvrent la porte à plus d’explications scientifiques.
Saura-t-on jamais si nous sommes seuls dans l’univers ? Depuis des décennies, la possibilité d’une forme de vie extraterrestre dans notre atmosphère suscite d’intenses débats, sans que la science ne parvienne à trancher définitivement. Malgré tous les efforts déployés pour réfuter les théories du complot les plus folles sur des incursions de petits hommes verts, une part infime de phénomènes restent encore inexplicables. Mais depuis quelques mois, la NASA et l’armée américaine ont décidé de s’y pencher sérieusement.
Programme secret défense
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les témoignages d’objets volants non-identifiés défraient sporadiquement la chronique, alimentant les théories sur la possibilité d’une vie extraterrestre. Mais depuis une vingtaine d’années, ces témoignages se sont démultipliés, appuyés notamment par des photos mystérieuses prises par des pilotes d’avion de chasse américain entre 2004 et 2015 et ont poussé les autorités américaines à réagir. En 2017, le New York Times révélait avec fracas que le Pentagone avait mis sur pied un programme secret défense pour essayer d’identifier les menaces venues d’un autre monde : le programme AATIP (Advanced Aerospace Threat Identification Program). Trois ans plus tard, l’US Navy créait une task force spéciale pour recueillir des témoignages sur toutes ces visions mystérieuses, opérant alors un changement sémantique : fini les UFO (ovnis en anglais), on parle désormais d’UAP (Phénomènes anormaux non-identifiés)
Il n’en fallait pas plus pour piquer la curiosité des agents de la NASA, longtemps réticents à s’attaquer à la question des ovnis pour ne pas entacher leur crédibilité scientifique. Le 9 juin 2022, l’agence spatiale américaine annonçait la création d’une équipe de recherches chargée d’examiner tous ces témoignages d’UAP et de produire un rapport pour évaluer les risques de présence extraterrestre. Seize experts indépendants de tous les domaines scientifiques sont réunis au sein de cette équipe qui a épluché pendant neuf mois des centaines de documents et photos troublantes.
Traquer les ovnis avec l’IA
Le rapport tant attendu est publié le 14 septembre 2023 et la conclusion est sans ambiguïté : nous ne disposons d’aucune preuve formelle d’une présence extraterrestre sur Terre. Dans plus de 95% des cas, les scientifiques ont pu expliquer les bizarreries observées dans le ciel. Illusions d’optique, erreurs dans les prises de photos, phénomènes météorologiques ou astronomiques, ballons d’observation ou drones artisanaux, la liste est longue pour expliquer les impressions qu’une soucoupe volante traverse le ciel. Malgré cela, les experts mandatés par la NASA admettent une chose : la présence de technologies extraterrestres dans notre atmosphère n’est pas impossible.
Ne reste qu’à poursuivre la recherche scientifique. Pour ce faire, la NASA a décidé de suivre les recommandations de ces experts et a décidé de créer dans la foulée du rapport un pôle de recherche dont l’objectif sera de compiler les données existantes sur les UAP, de mobiliser les nouveaux outils technologiques à la disposition de la NASA et de solliciter le plus de témoignages possibles afin de constituer une gigantesque database sur la question. Le nouveau directeur de ce pôle, Mark McInerney, a notamment pour mission d’utiliser les derniers progrès en intelligence artificielle pour traiter cette importante quantité d’informations.
De nombreuses menaces
Pendant que la NASA conduisait sa recherche avec méthode, le programme AATIP de l’armée américaine était transformé en juillet 2022 en un bureau à part entière : l’AARO (All-domain Anomaly Resolution Office). Le 8 mars 2024, ce dernier publie à son tour un rapport. En revenant sur plus de 80 ans de données, l’AARO conclut lui aussi qu’il n’existe pas de preuve d’activité extraterrestre et précise que le gouvernement américain n’a jamais financé de programme top secret lié à l’exploitation de technologies aliens.
Suffisant pour convaincre ufologues et complotistes ? Les experts mandatés par la NASA avaient été menacés à de multiples reprises, poussant l’agence spatiale à garder le nom du futur directeur de la recherche sur les UAP secret quelques semaines après l’annonce du 14 septembre 2023. Au vu des budgets de l’armée américaine et de la NASA, la recherche sur les ovnis devrait prendre un tournant dans les prochaines années. En attendant, les amateurs en ufologie du monde entier se sont donnés rendez-vous au Symposium Exovision à Limoges du 16 au 18 mars 2024 pour parler des futurs contacts avec les extraterrestres. Avec plus ou moins de chance d’y parvenir.