Dire que le site de Lop Nur est une zone reculée de la Chine est un euphémisme. Entre 1964 et 1996, la régime y a effectué 45 essais nucléaires avant de le laisser à l’abandon. Depuis quelques années, des rapports du gouvernement américain laissent penser que les activités y ont repris, avec la crainte d’essais d’une nouvelle génération d’armes nucléaires futuriste.
C’est le nom d’un lac, Lob Nor, qui se dessèche petit à petit depuis des siècles, situé dans la partie désertique du Sinkiang, à l’extrême ouest de la Chine, au Taklamakan. Une région qui s’étire sur 1,6 million de kilomètres carrés et où se croisent – très peu – 24 millions d’âmes. Au sud, le Tibet, au nord, la Sibérie. Et puis un fleuve, le Tarim, qui après une course de 1 500 kilomètres, se jette dans le lac Lob Nor.
Ici, un puits vertical d’environ 500 mètres de profondeur a été creusé récemment avec une foreuse. Dans un contexte de montée des tensions entre l’est et l’ouest, tout porte à croire que de nouveaux essais nucléaires souterrains vont y être mené par le régime de Xi Jinping. C’est en tout cas ce que des rapports du gouvernement américain, confirmés par des experts, affirment : des opérations devraient être menées tout au long de l’année 2024.
Répression Ouïghours
Des images satellites viennent aussi corroborer ces suspicions. Elles révèlent de nombreuses zones de forage, et l’activité humaine semble s’y intensifier. Pourtant, ces types d’essais nucléaires souterrains avaient été interdit en 1996 par la signature d’un traité international. Fin 2023, le Ministère des affaires étrangères de la Chine niait ses accusations, les qualifiant de « totalement irresponsables ».
Outre l’escalade des tensions que pourrait engendrer ces nouveaux essais nucléaires, c’est aussi les risques sanitaires qu’ils font encourir à la population locale. Et celle-ci est faite majoritairement de Ouïghours, peuple qui subit une répression de la part du régime chinois pour des raisons ethniques et culturelles.
Soft power
D’ici 2035, le Pentagone estime que la Chine pourrait disposer d’un arsenal de 1 500 ogives nucléaires, soit cinq fois plus que ce qu’elle possédait depuis un demi-siècle. À Lop Nur, le régime pourrait tester des missiles plus petits, permettant de mieux cibler leurs attaques.
Autre hypothèse, la Chine pourrait aussi seulement préparer le terrain sur place en creusant ses puits, au cas où un conflit éclaterait, mais aussi afin d’alerter l’Occident sur ses capacités et ses intentions. Du soft au hard power, il n’a qu’un pas.