D’ici quelques mois, de nouvelles fonctionnalités liées au moteur de recherche devraient être déployées en France, et bouleverser totalement la manière dont nous l’utilisons.
Depuis plus de vingt ans, la méthode est simple : vous tapez un texte dans une interface et validez en cliquant sur « recherche Google ». S’en suit des dizaines de pages Internet classées par ordre de pertinence vous invitant à lire, à écouter ou à regarder du contenu. Tout cela ne sera bientôt qu’un vieux souvenir archaïque.
Car depuis des mois, le géant américain prévoit de bouleverser la manière dont nous lui lançons des requêtes. Il l’a d’ailleurs confirmé lors de sa dernière conférence Google I/O en mai dernier : en déployant son chatbot AI Overview – concurrent direct de ChatGPT – qui apparaîtra prochainement tout en haut des pages de recherche, Google prévoit de ne plus fournir via cet outil de liens vers des pages Internet, mais simplement des résumés, liés à vos demandes, en proposant un maximum de quatre sources issues de différents sites.
Réponse ciblée
L’avenir d’Internet tel que le conçoit désormais Google n’est plus dans la lecture approfondie de textes parfois longs, mais dans la réponse précise et ciblée à votre demande. Une avancée pertinente pour les utilisateurs, mais qui interroge pour les créateurs de contenu et les sites d’information en ligne.
Car rien ne dit comment Gemini, l’IA de Google utilisée pour ce chatbot, sélectionnera ce qu’il considère comme pertinent ou pas. Et qu’adviendra-t-il alors des analyses complètes, reportages, enquêtes et récits au long court, qui dépendent entièrement de l’indexation qu’en fait le moteur de recherche le plus consulté au monde ?
Pour l’heure, AI Overview n’est déployé qu’aux États-Unis, et aucune date précise n’a été annoncée pour l’Europe, face à laquelle Google lutte contre des barrières réglementaires de plus en plus contraignantes. L’entrée en vigueur le 6 mars dernier du Digital Markets Act a notamment modifié la façon dont les différents produits Google sont associés comme Youtube, Google Play ou encore Google Maps et dont ils partagent vos données.
Produits Google désassociés
Concrètement, concernant Google Maps, une recherche d’adresse sur Google ne vous envoie plus vers Google Maps automatiquement, sauf si vous décidez de réassocier vous-mêmes les fonctionnalités Google et Google Maps. Ces petits changements peuvent paraître anodins, mais ils sont un vrai rempart contre l’hégémonie des GAFAM. Ces derniers, en déployant leurs outils basés sur l’intelligence artificielle le savent : pour que celle-ci devienne de plus en plus performante, ils ont besoin d’une quantité de données personnelles astronomiques. Des données que seuls ces nouveaux outils, comme AI Overview, peuvent leur apporter.
Lors du dernier Google I/O, le moteur de recherche a présenté pas moins d’une dizaine de produits gavés à l’IA : nouvel assistant vocal relié à votre caméra, à votre boîte mail ou à vos documents, nouveau programme de scanne des appels téléphoniques…
Reste à savoir si les institutions gouvernementales pourront continuer de lutter efficacement contre cette course folle à l’IA qui, si elle peut accroître l’expérience utilisateur, comporte des risques évident en matière de protection des données, de souveraineté et d’indépendance des acteurs économiques. Et pourrait changer drastiquement le modèle économique des acteurs du web.