Des chercheurs israéliens ont établi un lien nouveau entre la lumière et les aimants qui pourrait révolutionner la vitesse des puces de RAM dans notre électronique, et inaugurer une nouvelle ère de l’informatique.
Random Access Memory (RAM), le terme n’évoque pas seulement l’album culte des Daft Punk mais désigne avant tout ces petites puces qui font tourner tous nos ordinateurs et smartphones. Ces petits composants, qui servent à stocker temporairement des données pour permettre aux systèmes d’exploitation de fonctionner sans encombres, sont essentiels mais restent aujourd’hui relativement limités dans leur puissance. La récente découverte de chercheurs israéliens pourrait faire sauter cette barrière technologique.
Aimants contrôlés par la lumière
La RAM – ou plutôt MRAM, pour RAM magnétique, est une technologie ultrarapide et non-volatile qui permet d’enregistrer des données même en l’absence d’électricité. Depuis plus de deux décennies, celle-ci se retrouve dans tous les appareils électroniques, indispensables à tous les secteurs économiques. Pour transmettre des informations en code binaire, les puces MRAM sont composées de minuscules électroaimants. Dans leur étude publiée en janvier 2024, les scientifiques du laboratoire de spintronique de l’université hébreu de Jérusalem ont découvert un lien inexploré entre la lumière et ces aimants qui pourrait décupler la puissance de ces puces.
En analysant l’interaction entre lumière et magnétisme, les chercheurs israéliens ont pu démontrer l’existence d’un mécanisme dans les rayons laser qui peut influer sur l’état magnétique des solides. Avec une oscillation rapide, les ondes lumineuses des lasers peuvent contrôler des aimants. Amir Capua, à la tête de l’équipe de recherche, considère que cette découverte « ouvre la voie pour une technologie de mémoire à haute vitesse contrôlée par la lumière, notamment la MRAM ou le développement de capteurs optiques innovants ».
L’ère des ordinateurs quantiques
Les scientifiques ont pu établir une nouvelle équation mathématique qui permet de décrire l’intensité de cette interaction lumière-magnétisme, ainsi que l’amplitude du champ magnétique de lumière, sa fréquence ou encore l’absorption énergétique du matériau magnétique. Les chercheurs l’assurent, cette découverte annonce « un séisme pour le stockage et le traitement d’informations dans de nombreux secteurs ». Convaincus de ce potentiel révolutionnaire, ces derniers n’ont pas attendu pour déposer divers brevets sur cette nouvelle technologie.
Déjà connus et étudiés dans le royaume quantique, les liens entre lumière et magnétisme sont bien nouveaux dans le champ de la spintronique (magnéto-électronique, domaine qui analyse les liens entre le spin des électrons et le magnétisme). En effet, le spin se trouve à la base du fonctionnement de la MRAM qui l’utilise pour stocker des informations. Cette bascule technologique, à l’aube de l’ère des ordinateurs quantiques, pourrait avoir un important effet d’accélération.