L’amélioration de scanners de détection et de mesure de la lumière ont permis de révéler ce qui se cachait sous le couvert forestier, soit un important réseau de centres urbains vieux de 2500 ans.
Les nouvelles avancées technologiques n’ont pas fini de révéler les secrets les plus enfouis de l’Humanité. En Équateur, au cœur de la forêt amazonienne, il y a plus de vingt ans, des chercheurs et archéologues avaient été intrigués par des monticules et des routes enterrés. Mais la densité de la végétation rendait à l’époque impossible la poursuite des recherches. Le 12 janvier dernier, une nouvelle campagne scientifique qui était retournée sur les lieux, équipée de matériel technologique de dernière génération dont l’analyse par télédétection laser (appelée LiDAR), faisait l’objet d’une publication majeure dans la revue Science.
La découverte, stupéfiante, a dépassé toutes les attentes ; un réseau d’une vingtaine de cités perdues datées entre 500 avant J-C et 300 à 600 après J-C , où vivaient environ 10 000 agriculteurs. Dans la vallée d’Upano, au pied de la cordillère des Andes, pas moins de 6 000 plateformes en terre où se dressaient des infrastructures résidentielles et cérémonielles, avec places, rues, champs agricoles et canaux de drainage. La route la plus large découverte s’étend sur plus d’une dizaine de kilomètres. À l’instar de de site comme Teotihuacan au Mexique, quelques cités sont reliées par une grande allée centrale parfaitement droite.
Une société agraire complexe
Ce que révèle ces vestiges, c’est surtout une société agraire complexe et jusqu’ici inconnue sur un site qui s’étend sur près de 1 000 km2, notamment dans ces proportions. « Ça n’est pas seulement un village mais un paysage entier qui a été domestiqué par l’homme », explique à l’AFP Stéphen Rostain, directeur de recherche au CNRS. Cet archéologue, qui travaille en Amazonie depuis 35 ans, était à l’origine de cette découverte une vingtaine d’années plus tôt.
À l’intérieur des habitations, les chercheurs ont découvert des graines, des pierres à moudre ainsi que différents outils qui témoignent de la vie que menaient les habitants. Pour Stéphen Rostain, ces vestiges sont la preuve « qu’il n’y avait pas que des autochtones chasseurs-cueilleurs archaïques en Amazonie mais aussi des populations urbaines complexes. (…) Il est temps de reconsidérer cette opinion dépréciative de l’Amazonie ». Mais alors comment expliquer l’abandon de telles infrastructures par ces habitants ? Selon lui, les Upano ont fui la région après l’éruption d’un volcan appelé Sangay non loin d’ici.