Une équipe de chercheurs japonais et singapouriens a mis en place un dispositif capable de piloter une armée de cafards, en contrôlant leurs mouvements par des électrodes. Une découverte qui pourrait être utile aux humains.
Ils avancent dans le sable avec leurs six petites pattes, regroupés comme des soldats munis de sac-à-dos. À l’intérieur, ce ne sont pas des habits de rechange ni des effets personnels, mais des microprocesseurs informatiques depuis lesquels des commandes directionnelles par électrodes sont envoyées à distance.
Ces vrais cafards, s’ils contrôlent bien eux-mêmes leurs pattes, capables de franchir des obstacles en toute autonomie, répondent toutefois aux commandes de l’équipe de chercheurs de l’École supérieure des sciences et technologies de l’information de l’Université d’Osaka, au Japon, en collaboration avec l’Université de technologie de Nanyang, à Singapour, tous deux à l’origine de ce projet. Lorsque l’un des cafards tombe à la renverse sur son chemin, ses coéquipiers insectes sont alors dirigés vers lui pour l’aider et lui permettre de continuer sa route.
Des chefs de file
Ces tests, réalisés pour vérifier si une armée de vingt cafards cyborgs télécommandés pouvait envahir une cible pour prendre des mesures de capteurs ou chercher des objets, pourraient bien avoir une utilité encore plus grande à l’avenir, comme repérer des humains piégés lors d’un tremblement de terre ou de bombardements, ou faire de l’espionnage. L’expérience a démontré que le logiciel informatique permettant de contrôler leurs mouvements, était aussi capable de désigner des chefs de file, comme une véritable infanterie.
L’espèce de cafard utilisée, originaire de Madagascar, l’une des plus grandes de la planète – jusqu’à 7 centimètres – a donc été équipée de sac-à-dos et d’électrodes sur leurs organes sensoriels, les uns servant au pilotage, et les autres à accélérer le rythme ou le ralentir. D’autres tests tout aussi concluants ont été effectués sur des crabes, avec le même procédé de sac-à-dos d’électrodes. Hirotaka Saton, en charge du projet, a précisé que « le crabe peut aider les cafards », dans leurs missions.
Règles éthiques
Ce type de dispositif n’a rien de nouveau. En 2012, des chercheurs de l’Université de l’État de Caroline du Nord avait effectué des tests similaires. Mais à l’époque, l’autonomie des batteries implantées sur les insectes avait coupé court à l’expérience. Dix ans plus tard, l’Université de Riken, au Japon, réitérait avec une technologie de mini panneaux solaires insérés dans des sac-à-dos imprimés en 3D. D’ici quelques années, toutes ces méthodologies de contrôle électronique d’insectes, particulièrement des coléoptères, pourraient avoir une vraie utilité. Reste à savoir si les règles éthiques le permettront.