Vivre jusqu’à 200 ans ? Cet entrepreneur de la Silicon Valley y croit. Depuis 2019, Bryan Johnson s’impose un régime alimentaire drastique et des thérapies quotidiennes, mais fait face au scepticisme de la communauté scientifique.
Il faut s’imaginer son quotidien. Levé à 4h30 du matin, il ne fait rien avant de monter sur sa balance qui affiche un poids stable de 74 kilos. Après s’être brossé les dents avec de l’huile d’arbre à thé et appliqué un gel antioxydant ainsi que sept crèmes sur le visage, il enchaîne avec une petite heure de gymnastique, une collation « super veggie » à 7 heures du matin, un déjeuner à 9 heures, et à 11 heures s’attaque à son troisième et dernier repas de la journée. Il n’ingurgite plus rien jusqu’au lendemain. Un régime intermittent calibré à la moindre calorie, soit 1 977 par jours. Son fils, Talmage, a l’interdiction formelle de lui adresser la parole de toute la matinée.
111 cachets
Le reste de la journée est un enchaînement de protocoles strictes, soit une trentaine de thérapies dont une photothérapie lumineuse très intense, et l’absorption de 111 cachets prescrits par la trentaine de médecins à son service quotidiennement. Lycopène, metformine, lithium, mélatonine, acide hyaluronique… tout est bon. Sa nouvelle trouvaille ? Une thérapie par ondes de choc sur son pénis répétée 4 000 fois sous les testicules pendant un quart d’heure. Le soir, l’extinction des feux se fait à 20h30. Tout cela, répété inlassablement, chaque jour jusqu’à la fin de sa vie. Sauf que, justement ; s’il s’inflige un tel rythme de vie, c’est qu’il souhaite qu’elle ne finisse jamais.
« 1, 2, 3… ne mourez pas ! »
Cet homme, c’est Bryan Johnson, un entrepreneur américain de 46 ans, fondateur d’une société de paiement par téléphone qu’il revend en 2013 pour 800 millions de dollars. Depuis, il n’a qu’une seule idée en tête : ralentir son vieillissement et vivre au moins jusqu’à 200 ans. Pour cela, il dépense près de deux millions de dollars par an. « Je veux faire passer la fontaine de jouvence du mythe à la réalité », déclare-t-il. Son projet, intitulé Blueprint, réunit quelques adeptes autour d’un slogan, « Don’t die », imprimé sur un tee shirt noir. Ces derniers se réunissent régulièrement à Los Angeles pour des évènements crées autour du projet de Bryan, comme une randonnée où les participants, pour s’encourager, crient en cœur « 1, 2, 3,… ne mourez pas ! », comme le raconte le New York Times.
Protocole en roue libre
Mais sa méthode radicale est loin de faire l’unanimité. De nombreux chercheurs sur le vieillissement remettent en cause les produits qu’il vend sur le site internet du projet Blueprint, ainsi que les doses de médicaments et de compléments alimentaires qu’il consomme et mélange quotidiennement, pouvant s’avérer néfaste pour l’organisme et le cœur. Le quotidien américain a également recueilli le témoignage de la diététicienne Danielle Meyer ainsi que du docteur Barzilai. Tous s’accordent à dire que le traitement de Bryan, en plus d’être trop lourd pour être suivi sur le long terme, n’a rien de scientifique, ne répondant à aucun protocole habituel.
Lui affirme le contraire, arguant que sa santé métabolique serait désormais égale à celle des 1,5 % de jeunes de 18 ans les plus riches, et que son corps aurait atteint l’équivalent de celui d’un homme de 31 ans. Le teint diaphane de son visage, quelque part entre David Bowie, Dorian Gray et Benjamin Button, a quelque chose d’inquiétant et d’inhumain à la fois, mais tendrait à prouver l’impact au moins visuel du ralentissement de son vieillissement, comme le laissent présager des photos datées de 2015 comparées aux plus récentes.