La surveillance vidéo algorithmique des JO a déjà commencé 

La surveillance vidéo algorithmique des JO a déjà commencé - © Gorodenkoff
La surveillance vidéo algorithmique des JO a déjà commencé - © Gorodenkoff

Votée au printemps 2023, la surveillance vidéo algorithmique des JO de Paris a été testée dimanche 3 et mardi 5 mars 2024 lors des concerts de Depeche Mode à Bercy. Une politique sécuritaire qui divise avant même d’avoir fait ses preuves. 

Les fans français de Depeche Mode savaient-ils qu’ils participaient à l’une des premières expériences de surveillance algorithmique ? Ces dimanche 3 et mardi 5 mars, les concerts du groupe britannique de new wave dans la salle de concert de Bercy à Paris ont été l’occasion pour la préfecture de police de mettre à l’épreuve un tout nouveau dispositif de sécurité : la surveillance vidéo algorithmique. 

À l’approche des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, et en ayant à l’esprit le fiasco de la finale de la Ligue des Champions 2022 au Stade de France, le gouvernement a décidé de se pencher sur des nouvelles techniques. Validé par le Parlement et le Conseil Constitutionnel au printemps 2023, le projet de loi visant à encadrer l’évènement olympique a entériné l’utilisation de caméras de surveillance augmentées d’une forme d’intelligence artificielle. 

Analyse en temps réel 

Grâce à ce nouveau dispositif, les autorités françaises souhaitent augmenter leur capacité d’anticipation de mouvements dangereux lors d’un évènement qui pourrait rassembler plus de 13 millions de personnes, dont 600 000 le seul jour de la cérémonie d’ouverture le long de la Seine. Plus précisément, les services de police souhaitent détecter huit types d’évènements : le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante ou un colis abandonné. 

Pour ce faire, le gouvernement a fait appel aux services d’une société française : Wintics. Avec son logiciel d’IA Cityvision, la firme promet d’amener les méthodes de surveillance dans une nouvelle ère. Repérées par l’intelligence artificielle et analysées en temps réel par des agents de sécurité privé, les informations collectées – sans l’utilisation de la reconnaissance faciale – par ce nouveau genre de caméra doivent permettre une meilleure gestion et surtout une anticipation des situations de crise que peuvent occasionner des évènements à forte affluence. 

Une surveillance encore expérimentale

Au-delà des atteintes potentielles aux droits humains que soulève un tel dispositif de surveillance généralisé, le sujet même de l’apprentissage algorithmique pose question. Comment reconnaître un individu dangereux ou un colis abandonné ? Qui en définit les critères afin que la machine puisse les intégrer et les appliquer ? Pour l’heure, le ministère de l’Intérieur n’a rien précisé, indiquant seulement que les six caméras déployées lors du concert de Depeche Mode étaient là pour « tester et paramétrer les solutions logicielles ». Une façon de prévenir qu’à moins de six mois des Jeux, la surveillance vidéo algorithmique est encore largement expérimentale. 

L’expérimentation de cette nouvelle forme de surveillance ne devrait cependant pas s’arrêter à la tenue des JO 2024. Autorisées jusqu’au 31 mars 2025, ces caméras intelligentes pourront être déployées pour n’importe quel évènement. Il suffira juste à la préfecture de prendre un arrêté en précisant « la temporalité, la localisation et les motifs ». Des tests doivent notamment être effectués dans les prochaines semaines en coopération avec la SNCF et la RATP.