La startup américaine Figure AI qui développe des robots humanoïdes augmentés d’une IA a récolté plus de 675 millions de dollars d’investissements. Jeff Bezos, Microsoft et OpenAI ont rejoint le capital de la licorne qui veut remplacer tous les ouvriers par des machines.
Aussi épuisants qu’aliénants, les travaux de manutention vont-ils disparaître ? Brett Adcock, en est convaincu. Le fondateur de Figure AI souhaite développer un prototype de robot humanoïde capable d’exécuter un large panel de tâches afin de faciliter le fonctionnement des chaînes de logistique. Afin de s’adapter au mieux aux environnements professionnels humains et de garder la dextérité qui nous est propre, les robots de Figure AI sont construits pour nous ressembler. Et comme un cerveau, l’intelligence artificielle doit leur permettre d’apprendre de leurs erreurs et de se perfectionner.
Préparer des cafés
Développée en 2023, la première version de ces robots porte le nom de Figure 01 (prononcer Figure One), mesure 1m70 et pèse 60 kilos. Avec une vitesse moyenne de 1,2m/s (4,3 km/h), le robot 100% électrique dispose aujourd’hui d’une autonomie de 5 heures et peut préparer un café à la machine ou déplacer des caisses en plastique.
Grâce à ses démonstrations prometteuses, la startup basée à Sunnyvale en Californie a réussi à attirer l’œil des grandes entreprises américaines. Après avoir récolté l’argent d’Intel, Samsung, et Nvidia, Figure AI a récemment convaincu Jeff Bezos, Bill Gates et OpenAI de mettre de l’argent sur la table. Si l’entreprise ayant mis au point ChatGPT n’apporte que 5 millions de dollars au projet, Amazon et Microsoft promettent d’investir respectivement 100 et 95 millions pour développer l’ouvrier du futur. Au total, la startup a amassé plus de 675 millions de dollars et peut désormais se targuer d’être valorisée à 2 milliards de dollars.
Avec cet argent, Brett Adcock compte bien changer le monde du travail manuel aux États-Unis. En s’appuyant sur les taux de chômage (3,7% en novembre 2023), le taux d’emplois vacants dans les secteurs du transport et de la logistique (5,4% à la même période) et le rapport entre les deux (0,7 personnes disponibles pour 1 poste), le PDG de Figure AI affirme que ses robots sont là pour combler un manque de main d’œuvre.
Moins cher qu’un ouvrier
Mais l’ambition de Figure AI ne s’arrête pas là : Figure 01 et ses futurs descendants doivent permettre d’éliminer tous les emplois dangereux et indésirables de l’humanité, afin que nous vivions plus heureux. La licorne américaine prétend pouvoir faire baisser à terme le prix de la main-d’œuvre dans tous les secteurs de l’économie, jusqu’à ce que le salaire d’un ouvrier soit supérieur au prix de location d’un robot humanoïde avec IA. Cela « facilitera ainsi une réduction holistique et à long-terme des coûts, créant une abondance de biens et services et libérant un potentiel de richesse augmentée pour tous ».
L’entrepreneur oublie qu’une telle innovation technologique risque d’abord de faire exploser le taux de chômage et donc de creuser les inégalités de richesse avant de faire advenir une société débarrassée de tous les labeurs difficiles. Heureusement, Brett Adcock affirme que ces robots humanoïdes ne serviront jamais d’objectif militaire car ils sont conçus pour « ne jamais faire de mal aux humains ». Mais est-ce bien suffisant pour convaincre Jeff Bezos ?