Les cyberattaques contre des bibliothèques se multiplient partout dans le monde, dans un contexte de fortes tensions politique. Les Archives d’Internet, institution californienne faisant office de bibliothèque numérique, a été attaqué cette semaine.
Dimanche dernier, des dizaines de milliers de fausses demandes d’informations ont été envoyées afin de saturer les serveurs des Archives d’Internet. L’institution à but non lucratif créée en 1996 pour conserver une mémoire de toutes les pages web, fichiers audio et vidéos partagés sur internet, a délocalisé une partie de ses données regroupées dans un site miroir à la bibliothèque Alexandrina, en Égypte. Mais c’est à Richmond District, au sud de San Francisco, là où les locaux se situent, que les attaques ont eu lieu jusqu’à mercredi au moins.
Une partie de la base de données contenue dans la Wayback Machine était donc rendue inaccessible, soit une masse d’informations colossale qui augmente de façon exponentielle : en 2001 lors de son lancement, la Wayback Machine contenait 10 milliards de pages. En 2022, elle en indexait et stockait à elle seule 588 milliards… et en 2024, pas moins de 866 milliards, à raison de 750 millions de nouvelles pages par jour.
7 millions d’attaques
Cette mine d’informations, qui aujourd’hui représente près de 6 fois l’ensemble des données de toutes les plus grandes bibliothèques du monde, dont celle du Congrès américain, attire forcément les convoitises. Comme le relève le site Fast Company, les six derniers mois ont été très intenses en matière d’attaques DDoS, un type de cyberattaque qui vise à submerger un serveur avec un trafic intense et donc malveillant. En effet, pas moins de 7 millions de ces attaques auraient été recensées, dont une grande partie motivée par des raisons politiques.
Le contexte très politisé de l’année 2024 pourrait expliquer cela, alors qu’une soixantaine d’élections se tiennent jusqu’à fin décembre prochain, et que plusieurs conflits armés ont ravivé des tensions entre est et ouest – guerre en en Ukraine – nord et sud – guerre en Palestine. Le Kremlin a par ailleurs déjà été identifié dans de nombreuses cyberattaques visant des pays occidentaux dont la France ces derniers mois.
Attaque revendiquée
Sur son blog, Chris Freeland, le directeur des services d’Internet Archives, a expliqué que « ce qui est nouveau, c’est que cette attaque a été durable, percutante, ciblée, adaptative et, surtout, moyenne ». Dans le même communiqué, Brewster Kahle, l’un des bibliothécaires de l’institution, a ajouté : « Heureusement, les collections sont sûres, mais nous sommes désolés que l’attaque nous ait mis hors ligne par intermittence au cours de ces trois derniers jours ». Depuis ce jeudi, l’attaque a finalement été revendiquée par un groupe nommé SN_Blackmeta, protestant contre les intérêts américains et israéliens.
Au cours de l’année, d’autres grandes bibliothèques prestigieuses ont subi le même sort, à commencer par la British Library et le musée d’histoire naturelle de Berlin. En France, ces attaques sont aussi très fréquentes, y compris sur des plus petites bibliothèques, comme c’était le cas en avril dernier à la bibliothèque Anne Frank et la médiathèque Etienne Caux de Saint-Nazaire. Preuve que la Data est devenue le nouvel or noir.