À Paris, une première forêt urbaine pour lutter contre le réchauffement climatique

Le chantier de la forêt urbaine de Catalogne dans le XIVe arrondissement de Paris, devant les Échelles du Baroque de l’architecte Ricardo Bofill. - © Florian Mattern
Le chantier de la forêt urbaine de Catalogne dans le XIVe arrondissement de Paris, devant les Échelles du Baroque de l’architecte Ricardo Bofill. - © Florian Mattern

Le climat de Séville à Paris d’ici 2050 ? Pour lutter contre le réchauffement climatique, la mairie de Paris a lancé de nombreux chantiers de végétalisation. Le premier, une véritable forêt urbaine implantée place de Catalogne dans le XIVe arrondissement, doit ouvrir en juin 2024. Avec à la clé, une baisse de température de 4 degrés dans cette zone. 

À deux pas de la gare Montparnasse, l’ancien rond-point encerclé des immeubles de béton et des immenses buildings a cédé la place à un étonnant îlot de verdure. Place de Catalogne, dans le XIVe arrondissement, un petit bois a poussé sur l’asphalte. 

« La forêt urbaine est une méthode d’élaboration d’espaces végétalisés très denses en milieu urbain, avec une strate arborée – grands arbres et arbustes – et une strate herbacée » explique Guillaume Durand, adjoint à la mairie du XIVe arrondissement de Paris. Entourée de 3200 m² de végétation, la clairière ne fait que 800 m². Juste assez pour quatre bancs et des brumisateurs. Le reste de la forêt est interdit au public.

« Pour garder cette différence avec les parcs, il était important de mettre la forêt en défens, c’est-à-dire isoler les végétaux pour les protéger du contact humain et permettre un meilleur développement de la biodiversité », raconte Guillaume Durand. Un choix qui s’explique par de simples calculs mathématiques : plus la végétation est dense, plus la captation carbone est importante. Pour former cette forêt urbaine, première en son genre dans la capitale, 470 arbres et plus de 16 000 plantes vivaces déménagent place de Catalogne. Pour se préparer à la hausse des températures des prochaines années, deux catégories d’espèces ont été sélectionnées. Réparties également, les chênes et les charmes communs – endogènes de l’Île-de-France – côtoient diverses essences plus méridionales comme les érables de Montpellier ou des merisiers. 

Un budget de 9,6 millions d’euros

Au milieu des bâtiments en béton et du bitume qui réfléchissent fortement la chaleur, la forêt urbaine est avant tout un îlot de fraîcheur. « On s’en rendra compte dès cet été. Avec autant d’arbres, le phénomène d’évapotranspiration va être très fort. Le soir, ce sera un lieu particulièrement rafraîchissant », explique l’adjoint. Lors de l’inauguration du chantier en décembre 2023, la maire de Paris Anne Hidalgo a promis une baisse de température de 4°C sur cette zone.

Pour voir le jour, la forêt urbaine de Catalogne n’a pas seulement nécessité un budget de 9,6 millions d’euros mais a aussi requis un processus de consultation citoyenne. Sur plusieurs semaines à l’automne-hiver 2021, les avis de quelques centaines de riverains recueillis lors d’ateliers et réunions indiquent un consensus : la place est « bruyante, dangereuse, et dysfonctionnelle ».

À gauche, la place de Catalogne en 2021 © Chromorange
À droite, la place de la Catalogne en mai 2024. © Florian Mattern
À gauche, la place de Catalogne en 2021 © Chromorange – À droite, la place de Catalogne en mai 2024. © Florian Mattern

En 2023, la sculpture de l’artiste polonais Shamaï Haber est mise en morceaux. Conservés, ceux-délimitent désormais la clairière de la zone sauvage. Plus de 6 000 m3 de terre sont ensuite acheminés place de Catalogne pour y planter tous les baliveaux, ces jeunes arbres entre 2 et 4 ans. Ils mettront une dizaine d’années avant d’atteindre leur taille maximale et donner à la forêt son volume foliaire final. 

300 îlots de fraicheurs d’ici à 2030

En attendant, la mairie de Paris avait annoncé d’autres projets de forêt urbaine. Mais certains ont dû être retardés pour des raisons techniques. Le projet de l’Hôtel de Ville a notamment été annulé à cause du parking sous-terrain localisé sous le parvis. La forêt urbaine de Catalogne a elle bénéficié d’un emplacement exceptionnel. Sous le macadam, ni lignes de métro, ni câbles électriques, ni tuyaux de gaz. « Avec des sous-sols vides, c’était le lieu idéal. Creuser et planter des arbres était très facile », explique Guillaume Durand. 

Avec des conditions similaires, la place du Colonel-Fabien dans le Xe arrondissement est la prochaine sur la liste. Pour cet axe de circulation essentiel du nord de la ville, les travaux doivent débuter en 2025. Avec cette seconde forêt urbaine, la municipalité poursuit son objectif de végétalisation dans le cadre du Plan Climat de Paris. Ce dernier vise à créer 300 îlots de fraîcheur partout dans la capitale d’ici 2030. Et à terme, respecter aussi les recommandations de l’Agence européenne pour l’environnement : un espace de verdure à moins de 300 mètres de chaque habitation.