En temps de guerre, tous les moyens sont bons pour tromper l’ennemi. Outre la désinformation, employée du côté russe comme du côté ukrainien, les deux sœurs ennemies de l’est se livrent une bataille pittoresque : l’utilisation d’armes factices. Et à ce jeu-là, l’Ukraine a un temps d’avance.
Reproduire un faux char, un lance missile ainsi que tout type d’installation… la technique ne date pas d’hier. L’adversaire se concentre alors sur sa cible, mobilise ses soldats, et gaspillent ses munitions.
Les britanniques, avaient déjà utilisé cette technique lors de la seconde guerre mondiale ; des « baudruches », soit des chars gonflables, pendant l’opération militaire appelée « Fortitude ». L’objectif premier était bel et bien de duper les allemands. Depuis le sud-est de l’Angleterre, une fausse armée avaient été déployée, impliquant des véhicules gonflables, des avions en bois et dirigée par le général américain Patton, en direction du nord de la France, là où les allemands pensaient donc que le débarquement aurait lieu. Le 6 juin 1944, c’est finalement sur les plages de Normandie, plus au sud, que les alliés débarquaient, prenant les nazis par surprise.
Supercherie virale
Jusqu’ici, rien de nouveau. En mars 2023, c’est le Parisien qui dévoilait dans une vidéo l’explosion des commandes de la société Inflatech, spécialiste en fabrication de faux tanks Abrams ou de lances-roquettes Himars, à destination de l’Ukraine. La Russie s’était aussi prêtée au « jeu ». Un mois auparavant, de faux chars avaient été déposés par la Russie dans la région de Zaporijia. Manque de chance, les chars s’étaient dégonflés et les ukrainiens s’était même amusés de la supercherie dans un post publié par l’état-major sur Facebook : « (…) il semble que l’air de la région ne soit pas adapté aux produits en caoutchouc des occupants qui se sont dégonflés (…) à l’image du courage de l’armée russe. » Les Russes n’avaient pas abandonné la technique pour autant. En octobre, de faux bombardiers Tu-95 étaient peints afin d’induire en erreur les drones ukrainiens équipés de reconnaissance par intelligence artificielle.
Antenne à 360 degrés
Or, récemment il semblerait que le réalisme de reproduction de ces chars et lance-missiles ait atteint un niveau supérieur côté ukrainien. À en croire les vidéos et photos qui tournent sur les réseaux sociaux, les ukrainiens disposeraient de répliques parfaites du missile IRIS-T SLM livré par l’Allemagne ainsi que celles d’un radar AN/MPQ-64 américain. Les fabricants auraient poussé l’illusion dans les moindres détails, grandeur nature. Un camion tout-terrain avec échelle d’accès pour le pilotage, rétroviseurs, réservoir de carburant et missiles chargés à l’arrière a aussi été fabriqué. Le radar possède aussi une antenne tournante à 360 degrés.
Et ça marche. Comme l’attestent de nombreuses vidéos, la Russie aurait pris pour cible de nombreuses bases de défense factices et perdu des moyens militaires importants dans ces attaques. Un faux avion Su-25 de l’armée de l’air ukrainienne aurait été présenté par des médias de propagande russe comme un vrai, célébrant sa destruction à l’antenne. Pour le plus grand plaisir des Ukrainiens.