Au Yémen, les drones des rebelles Houthis affaiblissent les navires français et américains

Les Houthis sèment le trouble au sein des armées françaises et américaines.
Les Houthis sèment le trouble au sein des armées françaises et américaines. Crédit photo : Taha Saleh

Aux abords de la mer Rouge, un groupe rebelle sème le trouble en lançant des drones sur les navires des armées françaises et américaines, au point de remettre en question la performance de leurs systèmes de défense.

Fin janvier, le commandement de l’armée américaine dédié au matériel (NAVSEA), publiait sur son site internet un appel d’offre pour des « solutions innovantes et matures à utiliser à bord des navires pour contrer les systèmes aériens sans pilote », autrement dit, les drones, aujourd’hui largement utilisés sur les champs de bataille. En plein conflit, l’Ukraine est devenu un véritable laboratoire expérimental en matière d’équipement militaire high tech, et l’utilisation des drones s’est généralisée dans les deux camps.

Mais c’est sur un tout autre terrain, pour le moins inattendu, que l’US Navy subit actuellement les assauts de drone : au Yémen. Situé au sud de l’Arabie Saoudite, le pays a subi une guerre civile dévastatrice en 2014 dont sont ressortis vainqueur les rebelles Houthis du nord-ouest, après avoir assassiné le président en place Ali Abdallah Saleh.

37 drones

Ces rebelles, qui agiraient en soutien à la Palestine, et aujourd’hui soutenus par l’Iran, intensifient leurs actions contre les navires circulant sur la mer Rouge depuis novembre en multipliant les attaques de drones et de missiles. Ce samedi 9 mars, l’armée américaine déclarait avoir abattu pas moins de 15 drones. Information confirmée par le porte-parole militaire des Houthis dans un discours retransmis à la télévision locale, annonçant par la même occasion avoir pris pour cible « un certain nombre de destroyers américains en mer Rouge et dans le golfe d’Aden à l’aide de 37 drones », propos rapporté par le journal l’Indépendant. Le même jour, c’est l’armée française qui abattait à son tour quatre drones lancés depuis la même zone, « progressant vers elle en vol tactique, indiquait un communiqué de l’État-Major. Ces drones ont été détruits en légitime défense par la frégate et des chasseurs français. »

Des millions de dollars

Faute d’équipement adéquat, l’armée américaine a été contrainte de faire usage de missiles au coût exorbitant (plusieurs millions de dollars l’unité selon le site meta-defense.fr) pour stopper des drones dont la valeur ne dépasse pas quelques dizaines de milliers d’euros. Cette menace des drones, autrefois réservés à l’élite des armées internationales, s’étend désormais aux groupes rebelles les moins dotés en matériel. Et l’urgence est telle que l’appel d’offre lancé par l’US Navy précise que le système de défense anti drone dont elle a besoin doit être livré avant 6 à 12 mois.

« Soit l’armée française prend le virage de l’IA, soit elle décroche »

Un délai très court pour ce type d’équipement qui a de quoi surprendre, mais qui soulève la question du retard en matière d’équipement high-tech des armées les plus performantes. Car l’armée française connait les mêmes problèmes. Ce vendredi 8 mars, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, déclarait aux Echos : « Soit l’armée française prend le virage de l’IA, soit elle décroche », et annonçait dans la même foulée la création d’une nouvelle agence pour l’IA de défense, nommée Amiad. Cette dernière débutera en juillet 2024 avec une dotation de 300 millions d’euros par an et 300 experts.